Interpellation communale: une urbanisation responsable pour l’urgence climatique à Chaudfontaine

Le groupement Cerexhe-Heuseux/Beaufays asbl, en sa qualité d’asbl de défense de l’environnement pour des communes de Fléron, Chaudfontaine, Trooz et Soumagne, a interpellé le Conseil communal de Chaudfontaine en séance publique sur la problématique de l’urbanisation de la Commune le 25 mai 2022.

L’interpellation Communale a demandé au Collège échevinal de se positionner clairement sur ces deux questions:

  • Les ambitions de la Commune sur les ZACC, notamment celles non encore urbanisées ou en cours d’urbanisation seront-elles réévaluées en fonction de l’urgence climatique actuelle et de ses impacts très concrets dans notre région (inondations de juillet 2021) vers une non-artificialisation de ces sols ? Si oui, quels sont les objectifs visés et les plans d’action associés?
  • La Commune a-t-elle l’intention de s’inscrire au plus vite dans un plan progressif vers le stop béton, évitant ainsi l’imperméabilisation des sols et la dégradation rapide de la biodiversité ? Si oui, de quelle manière concrète et à quelle échéance

Vous trouverez dans cet article le texte complet de l’interpellation communale et le point de vue du groupement CHB concernant l’urbanisation de la commune de Chaudfontaine (en quelques mots puis plus en détails).

A. Texte complet de l’interpellation communale du groupement CHB à la commune: http://www.groupementchb.com/courrier-du-groupement-chb-au-conseil-communal-de-chaudfontaine-concernant-linterpellation-citoyenne-du-25-mai-2022/

Ce texte fut soutenu par une pétition signée par de nombreux habitants, merci à tous!

B. En quelques mots:

Les considérations qui ont poussé le groupement CHB à déposer cette interpellation sont dues à une préoccupation grandissante de nombreux habitants de la Commune, qui voient ces dernières années une forte hausse du rythme de l’urbanisation des zones vertes encore existantes. 

Cette urbanisation rapide a des conséquences importantes et visibles sur :

  • la perte de biodiversité (disparition de surfaces vertes, de corridors environnementaux, abattages d’arbres adultes)
  • la descente accélérée des eaux de ruissellement dans les vallées (inondations juillet 2021 dans la vallée de la Vesdre)
  • la qualité de vie des habitants / l’amplification des disparités socio-économiques
  • la mobilité (encombrement de la grand-route et trafic de transit par les quartiers avoisinants.

Le groupement CHB a observé que le choix de la Commune va à sa densification intense malgré sa volonté affichée et la liberté qu’elle aurait à proposer d’autres affectations aux ZACC (zone d’aménagement communal concerté), notamment vu l’urgence climatique (voir le rapport alarmant du GIEC 2021). A l’échelle locale, nous voyons des promoteurs qui se ruent vers la construction et la Commune de Chaudfontaine qui accepte. Il n’y a aucune urgence réelle pour faire ces projets de lotissements, de commerces et de densification, mais il y a une vraie urgence climatique et environnementale. Plutôt que de chercher à limiter les conséquences de sa politique, si la Commune s’attaquait aux causes des problèmes ?

L’heure n’est pas, à nos yeux, à la construction de nouveaux lotissements ou de transformations de terrain menant à une artificialisation du sol. Elle est à la préservation des espaces naturels restants, à la limitation des nuisances et au développement de projets très attentifs à l’environnement. Il est essentiel de valoriser la biodiversité, les espaces verts et agricoles qui jalonnent encore la Commune, ainsi que d’aller vers le maintien d’un habitat de qualité. La Commune « tue la poule aux œufs d’or », autrement dit que ses décisions urbanistiques contrecarrent son potentiel environnemental de qualité ainsi que ses autres actions en faveur du développement écologique. La Commune de Chaudfontaine peut, doit devenir un modèle de Commune responsable et résiliente ! 

C. Pour en savoir plus...

La problématique de l’urbanisation massive et galopante dans le village de Beaufays:

PROBLEMATIQUE

Ces dernières années, nous avons observé la construction de :

  • commerces
  • lotissements
  • immeubles à appartements prenant la place de villas
  • pistes cyclables/piétonnes « bétonnisées »

Sur le plan de secteur, nous pouvons voir que les commerces et lotissements se placent la plus part du temps sur des ZACC (zones d’aménagement concerté communal). Il est donc dans le droit de la Commune d’en choisir l’affectation. Ces affectations ont été définies dans le Schéma de Structure communal. C’est à ce niveau que nous sommes préoccupés: le choix de la Commune va à sa densification intense malgré le fait que le schéma de structure communale définissant l’affectation des ZACC date de 2012 et que la situation climatique est à l’urgence. D’autre part, le Schéma de Structure Communale souligne l’importance d’un bon nombre de points : conservation de centre de village, des paysages, de zones agricoles, … Hors, on observe par exemple l’aménagement récent de la zone commerciale sur la voie de l’Air Pur à Beaufays qui était situé pourtant situé dans le document sus-mentionné comme « ZACC à la fois sensible et déconseillée ». (p 89 Schéma de Structure)

lien schéma de structure communal de Chaudfontaine

DEVELOPPEMENT

La construction intempestive, que ce soit de nouveaux lotissements, commerces ou la transformation de villas en immeubles, ne nous semble plus concevable que ce soit au point de vue environnemental, social ou de la mobilité.

Les raisons suivantes fondent cette prise de position :

  1. La nécessité de sauvegarder un environnement de qualité et de protéger les espaces naturels encore disponibles

Une conscience des défis écologiques actuels plaide pour la préservation voire l’élargissement des espaces verts. Notre Commune, jusqu’il y a peu attractive pour être encore verte, devient une ville à la campagne.

D’où la sensibilité grandissante des habitants de Chaudfontaine :

  • à la valorisation du patrimoine environnemental (pas uniquement des zones Natura 2000, mais également des zones humides et zones naturelles)
  • au maintien de la biodiversité via un maintien du maillage vert (les nouveaux lotissements conçoivent des chemins piétons mais il n’y a pas de réflexions pour la biodiversité)
  • à l’importance de sols perméables permettant aux eaux de s’infiltrer naturellement diminuant ainsi les risques de sécheresse et d’inondations (stop à l’artificialisation des terres)
  • au développement et au maintien de zones à caractère agricole (la plupart des zones bâties ces dernières années étaient jusqu’alors utilisées pour l’agriculture)

À cet égard, il faut relever que la commune montre un certain intérêt envers la biodiversité et la problématique du climat :

  • des terrains de la Commune sont mis à dispositions de zones de biodiversité, par exemple, rue des Oies où le terrain est géré par Natagora
  • des commerces de proximité et axés sur une alimentation biologique et/ou locales ont vu le jour ces dernières années à Beaufays
  • notre Bourgmestre, Monsieur Bacquelaine déclare à la presse (le soir 29/07/21, « donner de l’espace à la rivière oui, exproprier non ») « il faut revoir les lotissements et tout ce qui aboutit à l’imperméabilisation des sols »
  • le refus du projet d’urbanisation Avenue Cortil

Mais cela ne nous semble pas suffisant par rapport au nombre de projets imperméabilisant le sol qui ont vu le jour ces dernières années ! Il est important de noter que les rapports du GIEC 2021 sont une fois de plus alarmant (https://climat.be/actualites/2021/6e-rapport-du-giec-face-a-des-risques-sans-precedent-la-communaute-scientifique-lance-un-nouveau-signal-d-alarme) et à l’échelle locale, nous observons des promoteurs qui se ruent vers la construction et la Commune de Chaudfontaine qui accepte. Il y a une non urgence pour faire ces projets de lotissements, de commerces et de densification, mais il y a une urgence climatique.

2. La nécessité de ne pas amplifier des disparités socio-économiques:

La forte densification de villages tels que Beaufays créent une quantité de problèmes socio-économiques non négligeables, que ce soit pour les habitants de Beaufays, de la Commune ou de la ville de Liège :

  • Beaucoup des habitant-e-s ont choisi de s’installer dans la Commune de Chaudfontaine et pus particulièrement à Beaufays car la proximité avec des zones naturelles et conservées constituait un gage de tranquillité, d’équilibre écologique et d’une certaine qualité de vie en milieu semi-urbain tant pour les adultes que pour les enfants. Cette qualité de vie que nous apprécions fortement se dégrade significativement, les objectifs sus-cité n’étant plus au premier plan, et amène parfois à quitter les lieux.
  • La transformation et l’amplification de l’habitat reste pour une classe sociale aisée, le clivage s’amplifie entre les différents villages de la Commune. Les logements sociaux sont peu présents à Beaufays et les autres logements sont inaccessibles pour nombres de personnes issues de la vallée.
  • Dans le SDALg, est exposé le fait que le phénomène de péri-urbanisation est bien connu et qu’il faut dès lors tout faire pour l’enrayer. Il ne s’agit pas ici de dents creuses, mais de véritables prairies qui sont comblées par des habitations et commerces, densifiant énormément le village et apportant un tas de problèmes. En plus du besoin de commerces/services supplémentaires et de trafic pour les habitants, il faut souligner l’exode des personnes à hauts revenus de la ville de Liège et appauvrissement de celle-ci (voir chiffres publiés par l’IWEPS).

Notons tout de même ce seul points concernant la problématique socio-économique :

  • quelques logements sociaux sont présents à Beaufays

3. La Commune est également soumise à une pression grandissante de la mobilité automobile

On observe un accroissement de la circulation automobile et de véritables embouteillages aux heures de pointe dûs :

  • à la multiplication des constructions : commerces le long de la Voie de l’Air Pur, densification par la construction d’immeubles, la création des nouveaux lotissements
  • au fait que les habitants ont des moyens financiers permettant plusieurs voitures par ménages,
  • au fait d’avoir accepté un méga Colruyt en plein centre du village faisant venir des personnes de toute la région dans le centre d’un village
  • ET que, comme dans tous villages les alternatives à l’automobile ne sont pas évidentes. Notre village devient une ville mais sans ses avantages : il n’y a pas toujours la possibilité de créer des trottoirs sans détruire des haies, le réseau cyclable n’est pas continu, les transports en commun sont limités aux grands axes,…

Nous relevons bien sur que la Commune a mis sur pied un PCDN (plan communal de développement de la nature).

CONCLUSION

Vous l’aurez compris, l’heure n’est pas, à nos yeux, à la construction de nouveaux lotissements ou de transformations de terrain menant à une artificialisation du sol. Elle est à la préservation des espaces existants dans l’état, à la limitation des nuisances et au développement de projets très attentifs à l’environnement, la biodiversité et la valorisation bien pensée des espaces verts et agricoles qui jalonnent notre village, ainsi qu’à la préservation et à l’amélioration d’un habitat de qualité.

Il est dommage que la Commune « tue la poule aux œufs d’or », autrement dit que ses décisions urbanistiques contrecarrent son potentiel environnemental de qualité ainsi que les élans de développement écologiques de la Commune.