Un aveuglement « remarquable ».
Le mot « remarquable » souvent utilisé par les pouvoirs publics pour qualifier notre réseau autoroutier pourrait laisser entendre que ceux qui s’opposent au projet de liaison CHB sont des ennemis du progrès et de l’intérêt général. Ne doit-on pas considérer qu’il existe un patrimoine « remarquable » qui s’enracine dans l’air, l’eau et la terre ? Que le préserver consiste à préserver l’avenir ? Et que la formule du « tout-à-la-route » héritée du siècle passé est devenue inopérante ? Bref qu’il faudrait commencer à penser un peu plus large qu’entre pot et capot ?
La Belgique a été désignée lors de la COP21 comme un très mauvais élève en matière d’environnement. C’est le pays du monde qui possède le plus de kilomètres de bitume par habitant. Un pays où la pollution est considérable et où le silence et l’obscurité ont complètement disparu en raison d’un réseau routier d’une densité hallucinante. Son ciel déroute les oiseaux migrateurs dont l’un des derniers refuges est pourtant le site qui serait détruit par la liaison CHB. Ici la pensée migratrice, novatrice, inventive, est balayée au profit de plans à court terme, à la répétitivité subtilement peaufinée, promis à une caducité elle aussi « remarquable ».
Nous ne venons pas avec des rêves d’Indiens, des nostalgies de guerriers vaincus. Nous venons avec nos réflexions d’hommes et de femmes de notre temps, assaillis des mêmes soucis que ceux qui nous gouvernent. Comme eux, nous calculons, comparons, analysons, comptons. Comme eux nous réfléchissons au bien commun, à la circulation des biens et des personnes, à la course du temps, à l’avenir de nos enfants. Et nos observations sont aussi « remarquables », aussi construites, aussi logiques que les raisonnements d’en face. À cette nuance près : nous refusons de cautionner un scénario périmé.
Caroline Lamarche, pour le Groupement CHB
- La vallée de la Vesdre, Trooz